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N’en déplaise aux discours ambiants, jouir n’est pas une mince affaire.
Cela sous-entend de connaître son corps, de l’avoir apprivoisé pour
savoir ce qui le fait (vraiment) vibrer. Dans un livre passionnant (1),
l’essayiste Elisa Brune a suivi la piste de la quête du plaisir sexuel
sous toutes ses formes. Elle prône un hédonisme sincère, loin des
clichés médiatiques. Interview.Lefigaro.fr/madame. - Quels sont les indices qui vous permettent d’affirmer qu’une révolution sexuelle est en marche ?
Elisa Brune. - Il est possible de parler aujourd’hui de plaisir et d’orgasme. Le
dernier bastion de l’intimité est en train de se découvrir au regard et à
l’analyse, et le paysage est bien plus diversifié qu’on ne pouvait
l’imaginer.
À une époque pas si éloignée, les femmes restaient
seules avec leurs questions. Aujourd’hui, elles considèrent l’accès au
plaisir comme un droit, en tout cas comme quelque chose qui les concerne
directement, et non plus comme une espèce de rumeur ou de mystère qui
plane.
Qu’est-ce qui vous a le plus surprise dans votre enquête ?J’ai
été surprise par le chemin difficile que représente encore le plaisir
pour beaucoup de femmes. Je suis étonnée de voir combien de couples ne
font presque jamais l’amour, contrairement au matraquage qu’on nous vend
dans les médias. Les femmes peinent à briser le silence qui entoure ces
questions dans le couple. Elles sont toujours très inhibées par tout ce
qui traîne dans notre culture, sur ce qui est convenable ou pas et sur
cette attitude quasi obligatoire de s’occuper d’abord de l’homme.